Une amazone de l'océan...telle était Virginie Hériot. Son sillage s'est étiré sur toutes les mers, et elle y a fini ses jours à la barre de son bateau. Née à la fin du XIXème siècle d'une famille richissime, elle aurait pu mener la vie d'une grande mondaine. Mais des études à l'école militaire fondée par son père, et une éducation stricte, lui forgent une personnalité volontaire et courageuse.
Lorsque ses parents se portent acquéreurs du luxueux steamer "Salvador", Virginie s'éprend de la mer et tisse avec elle des liens indéfectibles. Lors des croisières familiales, entre Le Caire et Beyrouth, Smyrne, Rhodes ou Jérusalem, elle aime sentir vibrer le bateau sous ses pieds et soupirer les immenses voiles de nacre.
A 19 ans, elle a déjà parcouru 48 000 milles et, lentement, elle a acquis cette certitude: le yachting est un champ de bataille où s'affirment les plus belles qualités morales: courage, énergie, décision, esprit de solidarité et de sacrifice, mépris de la mort.
En 1912, elle participe pour la première fois à la coupe de France de yachting. Le début d'une grande aventure dont sortiront comblés son esprit de compétition et son amour de la mer. Le "matelot Virginie", comme elle aime à se faire nommer, n'en oublie pas pour autant de prendre un époux et de fonder une famille. A 22 ans, elle épouse François Haincque de Saint Senoch avec qui elle partage la même soif d'océan. La jeune femme commande la première Aile, un 10 m JI, premier d'une série de six. Trois ans plus tard, Hubert voit le jour et Virginie se réjouit de sa petite famille maritime. Mais alors que l'enfant n'a que 5 ans, un divorce vient rompre cet équilibre. Virginie se consacre alors totalement à sa passion pour la voile.
Document reproduit avec l'aimable autorisation d'Alain Rondeau, Rédacteur en Chef de la revue "Bateaux"